L'EUDR, pourquoi ?
L’EUDR, le règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts, vise, comme son nom l’indique, à mettre en place une réglementation afin de s’assurer que les produits qui sont importés sur le marché de l’Union Européenne ne participent pas à la dégradation des forêts ou à la déforestation. Cette volonté du parlement, du conseil et de la commission européenne émane de plusieurs constats qui se rejoignent autour d’un élément central : l’importance des forêts.
La considération des forêts dans cette réglementation découle de la reconnaissance du rôle qu’elles jouent sur le plan économique, social et environnemental. En effet, les forêts remplissent des fonctions essentielles en matière d’environnement. Elles représentent un refuge de biodiversité et fournissent des services écosystémiques importants, parmi lesquels : la purification de l’eau et du sol, la production d’oxygène et le captage de CO2, l’accumulation d’eau, ou encore la recharge des nappes phréatiques. En outre, les services écosystémiques que les forêts procurent sont essentiels aux activités humaines puisqu’elles fournissent des revenus et des moyens de subsistance à un tiers de la population mondiale et participent directement et indirectement à la moitié du PIB mondial.
Ainsi, en considération de la crise de la biodiversité actuelle, aggravée par les conséquences du changement climatique, les refuges que représentent les forêts sont d’une importance capitale. La lutte contre les dégradations environnementales, les changements climatiques et les répercussions que ces phénomènes peuvent causer sur la biodiversité s’incarne dans la nécessité de protéger les forêts et écosystèmes qu’elles abritent.
Devant l’importance que jouent les forêts dans la lutte contre les effets délétères du changement climatique, l’Union européenne reconnait la part qu’elle joue dans la déforestation mondiale au travers de sa consommation. Les estimations de la FAO permettent d’entrevoir l’ampleur du phénomène : annuellement, ce sont 10 millions d’hectares de forêt qui sont perdus à l’échelle mondiale, soit plus de 3 fois la superficie de la Belgique. Quant à l’UE, sa part de responsabilité, au travers de sa consommation, est estimée à 248 000 hectares/an, d’une superficie semblable à celle du Luxembourg.
Avec la mise en place de cette nouvelle règlementation, l’UE s’engage à réduire son empreinte environnementale, tout en contribuant à lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité. En promulguant une loi afin de lutter contre la déforestation importée, les instances représentatives de l’UE ont donc décidé d’instaurer un cadre législatif visant à encadrer la mise sur le marché européen de produits considérés comme principaux générateurs de déforestation en intégrant le principe de diligence raisonnée et de géolocalisation de l’origine des produits importés.
Dans le prochain article, nous aborderons plus en détails les produits concernés, les préoccupations qu’ils soulèvent pour l’UE ainsi que leur intégration au sein de l’EUDR.